Risque tunnel, enjeu budgétaire et sécurité des usagers
[MAG] La sécurité dans les tunnels est un enjeu de taille, tant pour les exploitants que pour les Sdis. Le danger est bien réel, mais l’occurrence des interventions est très faible. Entre contrainte budgétaire et sécurité des usagers, la France prend la mesure du risque de ces 1500 tunnels.
Nous avons tous en mémoire l’incendie du tunnel sous la Manche ou ceux du Fréjus et du Mont-Blanc. Vétusté, glissements de terrain, feu sur les installations… sont des risques communs, mais c’est bien la nature du matériel roulant qui fait la différence.La problématique du transport guidé avec le ferroviaire est bien différente de celle du routier où chaque conducteur a la maîtrise de son véhicule. Les trains transportent beaucoup de passagers qu’il faut prendre en charge et sortir au plus vite en cas d’incendie. D’autres trains peuvent se trouver immobilisés dans le même tube. Pourtant, avec l’arrivée du pilotage automatique et du contrôle des engins à distance, les accidents sont de plus en plus rares. Pour le routier, la situation est tout autre. Les conducteurs sont livrés à eux-mêmes.
Des risques plus nombreux
Malaise, accident, panne, incendie, transport de matières dangereuses… les risques sont plus nombreux mais surtout, c’est la nature de l’ouvrage qui détermine la dangerosité. Les plus récents sont creusés en bitube avec des abris ou des galeries d’évacuation beaucoup plus sûrs. Comme le rappelle le commandant Olivier Péronne du pôle Grandes Infrastructures de la DGSCGC, la grande majorité des ouvrages supérieurs à 300 mètres sont désormais contrôlés et évalués régulièrement et font l’objet de dossiers de sécurité. La France figure parmi les pays les plus sûrs du monde, en dixième position, une place limitée par les intrusions et les incivilités dans notre pays.
Les grands ouvrages ont l’obligation d’avoir des issues de secours tous les 400 mètres. Auto-évacuation, confinement, navette de transbordement…, les passagers sont la priorité des secouristes. Limités par des contraintes budgétaires, les exploitants tentent également quelques améliorations: caméras de surveillance, éclairage, ressources en eau, accès amélioré aux têtes de tunnels.
Partager les expériences
La résistance au feu des trains est désormais prise en compte avec une classification particulière. Au cœur de certains ouvrages, des équipes de première intervention (EPI) sont positionnées avec des moyens d’attaque massive. Selon une norme italienne, le tunnel de Fréjus bénéficie d’une extinction automatique, ce qui est unique en France. En Suisse, la politique est de pousser les trains au plus vite avec un train de secours après le sinistre. Aujourd’hui, l’idée est de partager les expériences, de multiplier les exercices, d’apprendre à se connaître pour mieux travailler ensemble. Réunis autour d’un atelier de travail au congrès de Bourg-en-Bresse, exploitants de tunnel et Sdis ont pu évaluer leurs différentes visions avec en point de mire l’amélioration de la sécurité des usagers.
Texte: Patrick Forget
Photos: Patrick Forget et Stéphane Gautier