Recyclage, « tout électrique» et haute pression
[MAG] Lors du carrefour technique et innovation, trois sujets principaux ont été abordés: le recyclage des tenues sapeurs-pompiers ; la normalisation des nouveaux matériels liés à la désincarcération et à la sécurité en intervention, et l’utilisation et l’optimisation de la haute pression sur les véhicules incendie.
Le premier sujet abordé concerne l’isolation et les textiles. Le recyclage des anciennes tenues a trouvé une solution innovante en se calquant sur ce que réalisent certaines entreprises à vocation sociale qui collectent et trient tout ce qui est coton pour fabriquer des isolants en fibre naturelle. Une économie circulaire a été créée par les sapeurs-pompiers de la région Centre. Collecter les anciennes tenues, gérer les éléments non textiles, puis entrer dans un processus industriel afin de créer un isolant pour le bâtiment qui a la même particularité que la tenue : il est ignifugé. Plusieurs essais ont été réalisés lors de la construction de trois nouvelles casernes de la région Centre et le résultat est convaincant.
Face aux risques électriques, électrocution et arc électrique, MSA Gallet a rappelé les différentes propriétés du casque F1 XF et les différentes normes qui y sont associées, ou pas, car en ce qui concerne l’arc électrique, la normalisation européenne reste floue pour les sapeurs-pompiers. Pour pallier ce manque, l’entreprise a utilisé la norme EPI EN 166 des industriels et électriciens et la norme allemande GS-ET-29 (voir «Sapeurs-pompiers de France- Le Mag» n° 1112).
Outils de désincarcération sur batterie
Même problématique pour les outils de désincarcération sur batterie qui sont conformes mais non certifiés, la norme pour les outils hydrauliques ne les couvrant pas. La commission technique de la FNSPF, qui s’est penchée sur ce manque, est en train d’en définir le contenu.
La nouvelle donne technologique, dans un souci environnemental et sécuritaire, fait évoluer les véhicules, les outils de désincarcération ainsi que la doctrine opérationnelle pour qu’elle s’adapte à ces nouvelles problématiques. Les contraintes budgétaires, de leur côté, font que certains engins sapeurs-pompiers sont de plus en plus «combinés» pour répondre à différents types d’interventions, ce qui est le cas à l’étranger depuis longtemps.
Ces évolutions s’illustrent par exemple avec l’apparition de la technique du «cross raming» en désincarcération qui redonne du volume à l’habitacle d’un véhicule. Ou avec l’adaptation des manœuvres qui est différente depuis que les vérins peuvent atteindre 180 cm de débattement. Idem depuis que l’écarteur peut atteindre 75 cm d’écartement. Les outils électriques ont plus d’impact sur la doctrine que sur les manœuvres car les véhicules de premier intervention combinent de plus en plus signalisation, balisage et matériel de désincarcération dans l’attente, si besoin est, d’un véhicule de secours routier (VSR).
Pour les véhicules en carbone, matériau composite, comme les I3 et I8 de BMW, l’utilisation d’une scie sabre est parfois plus opportune que celle d’une cisaille, car plus rapide. Cette évolution appelle aussi un marquage précis à l’intérieur des véhicules pour les zones sensibles et une adaptation des équipements de protection individuelle (EPI) car certains matériaux peuvent générer des infections, et la découpe de certaines fibres minérales peut être particulièrement nocive par exemple.
Retour à la haute pression
Pour finir, la problématique de l’utilisation de la haute pression pour lutter contre les incendies. Les Sdis 30 et 66 relatent deux expériences intéressantes. Ce dernier étant un département frontalier, les échanges et les interventions communes, en France ou en Espagne, ont révélé certaines problématiques, également liées à la topographie. Un accord international permet à chacun des deux pays d'intervenir sur une bande de trente kilomètres au-delà de chacune des frontières. L’inter-opérationnel d’un pays à l’autre a poussé le département à se lancer dans la fabrication de pièces de jonction et de tous les raccords intermédiaires pour que les matériels puissent s’adapter aux véhicules mais aussi aux hydrants.
Les Espagnols utilisent la haute pression pour l’extinction des feux, leurs ressources en eau sont beaucoup moins importantes. Les sapeurs-pompiers des Pyrénées-Orientales, après quelques essais, ont été séduits par la rapidité d’établissement et l’efficacité de la haute pression. Plus rapide dans certaines configurations, la haute pression demande au camion-citerne feux de forêt (CCF) classique un ajout de matériel, pompe et tuyau, ainsi qu’une normalisation spécifique, qui existe déjà en Allemagne et en Espagne. Plus de 60% du parc véhicule du Sdis 66 est équipé d'un étage haute pression. Les raccords n'étant pas les mêmes, impossible de se tromper. Le «tout pression» ou le «tout débit» n’est pas une solution retenue, les sapeurs-pompiers du Sdis 66 ont fait le choix d'une pompe multi-pression et envisagent de l'utiliser en milieu urbain.
Reste au chef d’agrès à décider laquelle des deux pressions utiliser!
Texte : Manuel Sadaune
Photos : Surene Guy de Fontgalland