Portrait-robot du TSU, le secouriste du futur
[MAGAZINE] Le technicien de secours d’urgence (TSU) pourrait apporter une réponse à la désertification médicale et à l’explosion des missions de secours d’urgence aux personnes des sapeurs-pompiers.
Le technicien de secours d’urgence (TSU) serait-il la solution à la crise du secours d’urgence aux personnes (SUAP)? C’est en tout cas ce que pense Eric Herbé, chef du pole SAP au Cern depuis 10 ans et animateur de la commission technique et pédagogique du SUAP et du secourisme à la fédération. Lors du Congrès national tenu à Vannes (56), il a brossé, le 19 septembre 2019, le portrait de ce que pourrait être ce TSU: un secouriste aux compétences et aux prérogatives renforcées.
Confier aux sapeurs-pompiers certaines des prérogatives aujourd’hui dévolues aux professionnels de la santé permettrait ainsi de mieux gérer les mission d’assistance. Dans l’augmentation de la capacité des sapeurs-pompiers «à décider ou à fournir des éléments précis d'aide à la décision», Eric Herbé voit un «moyen de maintenir à domicile des gens qui potentiellement vont passer trois heures sur les routes pour finalement passer six heures aux urgences pour une situation qui pouvait très bien être gérée à domicile».
S’agissant du SUAP, des «capacités techniques complémentaires au bilan lorsque le vecteur médical ou paramédical ne peut être sur place» permettrait de ne pas laisser les sapeurs-pompiers «isolés» avec «une victime qui attend quelque chose qu'elle ne verra pas arriver».
Eric Herbé envisage également un «premier niveau de médicalisation dans le cadre d'une réponse qui soit graduée à travers nos infirmiers de sapeurs-pompiers ou un vecteur médical qui viendra sur place». Une
première démarche qui permet «de préparer un terrain médical pour la victime dans des délais compatibles».
Dans le détail, le TSU qui serait «un membre de l’équipage du VSAV mais pas nécessairement un chef d’agrès», aurait un tronc «commun nécessairement solide» et des compétences optionnelles (Lire encadré plus bas), selon les besoins et les capacités locaux.
Face aux inquiétudes soulevées par le volume horaire de cette formation, Eric Herbé plaide pour l’inventivité. «Imaginons de nouveaux moyens de formation, imaginons le compagnonnage, imaginons la formation ouverte accessible à distance», a-t-il proposé. «Un certain nombre de contenus ne nécessitent pas la présence dans un centre de secours ou dans une salle de formation pour être transmis.»
Selon lui, c’est «en participant à la prise en charge initiale de la victime» et en jouant un «rôle valorisant» dans sa médicalisation ultérieure que les sapeurs-pompiers retrouveront «plaisir et sentiment de satisfaction en montant dans les VSAV».
Retour sur la rencontre dédiée au Secours d'urgence aux personnes : l’urgence de repenser
Tronc commun de compétences
Connaissances :
- Physiopathologies
- Affections médicales
- Pédiatrie
- Gériatrie
- Pharmacologie
Capacités à :
- Déterminer la criticité
- Etablir des scores (Glasgow, Wallace, Malinas, etc.)
- Evaluer le risque potentiel (cinétique, lien dégâts matériels et lésions possibles)
- Réaliser une auscultation pulmonaire (repérage)
- Surveiller un ECG 3 brins.
Gestes complémentaires au bilan :
- Hémoglobinémie
- Débitmétrie de pointe
- Etc.
Premier niveau de médicalisation (sur protocoles ou sur prescription à distance) :
- Aérosolthérapie
- Chambre d'inhalation
- Antalgique palier 1 per os
- Inhalateur de méthoxyflurane
- Adrénaline en auto-injecteur
- Midazolam
- Naloxone en intranasal
Modules optionnels envisageables
- Opérateur ECG avec 12 dérivations
- Opérateur télémédecine
- Hypno analgésie
- Gestion des voies aériennes supérieures, exsufflation
- Abord vasculaire intra osseux
- Aide à la médicalisation.