La simulation au service de la formation au secours en montagne
[MAGAZINE] Micros, caméras et mannequins de haute technologie rendent ultra réalistes des formations au secours en montagne du Sdis de Haute-Savoie.
Adapter les principes de la simulation à la formation des sapeurs-pompiers au secours en montagne. C’est ce qu’ont mis en place deux sapeurs-pompiers de Haute-Savoie, l’adjudant Bruno Gonckel, chef d'unité secours en montagne, et le capitaine Vincent Ayoul, infirmier et chef du service développement professionnel continu du SSSM. L’idée repose sur le fait de faire manœuvrer les stagiaires de façon totalement isolée, formateurs et autres apprenants étant situés à distance. Ils sont ainsi au plus proche des conditions réelles. «En termes de progression et de rapidité d'acquisition de l'information, c'est phénoménal», s’enthousiasme le lieutenant-colonel Jean-Yves Brobecker, du Sdis74, qui présentait cette innovation en marge de la rencontre Secours en montagne et milieux périlleux vendredi 20 septembre 2019 durant le Congrès national des sapeurs-pompiers de France.
Il y a cinq ans, les deux hommes ont «commencé par faire de la simulation conventionnelle avec un mannequin», explique Vincent Ayoul.
«Mais, il y a deux ans, on a commencé à projeter cela en montagne».
Le premier objectif est le réalisme de la mise en situation. Pour le coup les stagiaires, venus d’Andorre, étaient servis.
Ils ont commencé par une progression à skis dans le mauvais temps pour rejoindre les lieux de l’exercice. Sur place, les premiers à passer ont dû mettre en place des techniques de corde pour rejoindre la victime au milieu d’une paroi. Le mannequin haute technicité qu’ils ont trouvé avait un pouls, une ventilation et une tension conformes au scénario imaginé. Il était également capable de parler via un micro déporté.
Durant tout le temps de la prise en charge et de la remontée, leurs camarades n’en perdaient pas une miette car toute la scène était retransmise dans la tente d’observation où ils attendaient leur tour.
Les formateurs avent en effet préalablement fixés caméras et micro sur des points fixes tandis qu’une autre caméra fixée à un drone donnait une vue de l’ensemble. Ainsi, «tous pouvaient profiter de la phase de débriefing car ils avaient vu ce qui s’était passé, aussi bien les points à améliorer que les points positifs», détaille Bruno Gonckel. Pour autant, ni les stagiaires ni les formateurs n’influaient, par leur seule présence, sur le bon déroulement de l’exercice.
Un double avantage
Ce système a un double avantage. Pédagogique, d’abord, car «les stagiaires s’enrichissent de l'intervention précédente même s’ils n’y ont pas participé», explique Vincent Ayoul. Au niveau ressources humaines, ensuite, car les formations sont plus courtes puisque les stagiaires ne sont pas obligés de réaliser chaque exercice.
Selon Vincent Ayoul, la simulation comporte «plusieurs techniques juxtaposées les unes aux autres»: ne pas avoir autrui sur l’intervention et disposer d’une victime réaliste est importante, mais pas suffisant, avertit Bruno Gonckel. La partie débriefing est, elle aussi, fondamentale et doit être exécutée selon une procédure très précise.
Les expériences menées par Vincent Ayoul et Bruno Gonckel vont faire l’objet d’une communication lors de la conférence internationale sur la simulation qui se tiendra à Angers (49) début octobre. «La simulation apporte une réelle plus-value pour le secours en montagne, comme dans tous les autres domaines qui l’utilisent: l’aéronautique, le nucléaire et la médecine», énumère Vincent Ayoul.
Texte : Matthieu Guyot de Saint Michel
Photos : Vincent Ayoul