Attaque transitoire des incendies: l’expérience québécoise à Bourg-en-Bresse

Opérationnel - Le 28 septembre 2018

[MAG] Deux formateurs de la Belle Province ont présenté le principe de l'attaque transitoire lors du 125e congrès des sapeurs-pompiers de France. Un outil efficace mais qui demande une certaine finesse d'utilisation.

Attaque transitoire des incendies: l’expérience québécoise à Bourg-en-Bresse

Une reprise de "Femme fatale" du Velvet underground en guise de musique d'accueil et deux conférenciers qui saluent chaque congressiste d'une poignée de mains amicale et d'un sonore "bonjour, vous allez bien?"… pas de doute, l'atelier sur l'attaque transitoire est animé par des anglo saxons. Cette méthode de lutte contre l'incendie consiste à attaquer de l'extérieur un feu pleinement développé ou sur le point de basculer en embrasement généralisé.
Pour présenter cette méthode, Steeve Brisebois et Martin Fournelle donnent un show bien rodé dans lequel ils s'interpellent avec humour pour rendre vivante leur présentation. Mais il ne faut pas s'y tromper: si la forme est ludique, le fond est bien présent.

Des pompiers expérimentés

Respectivement lieutenant et chef aux opération du Service de sécurité incendie de Montréal, Steeve Brisebois et Martin Fournelle ont fondé une société, Flash formation, qui délivre des formations dans le domaine de l'incendie aux pompiers canadiens.
Ils se sont d'abord intéressés aux tests d'attaque transitoire et de contrôle de la ventilation réalisés par les laboratoires Underwriters Laboratories, ceux du National institute of standards and technology à Governors Island, dans l’état de New York aux États-Unis. Ceux-ci ont montré que le fait de projeter de l'eau depuis l'extérieur ne propageait pas l'incendie dans le bâtiment et faisait baisser la température dans les pièces adjacentes au sinistre.

Les tactiques d'attaque d'incendie innovantes, une étude de l'UL de l'été 2013

"Nous étions convaincu qu'il s'agissait d'une bonne tactique mais nous voulions connaître le temps dont nous disposions après l'attaque transitoire pour envoyer une équipe dans le bâtiment sans les mettre en danger", explique Steeve Brisebois.
Les résultats sont édifiants: après une attaque transitoire de trente secondes , la température, à un mètre du sol, ne remonte pas pendant quatre minutes.
Pour autant, les deux formateurs insistent sur un point "l'attaque transitoire reste une tactique supplémentaire dans votre coffre à outils que vous pouvez utiliser, mais sans obligation. On peut toujours faire une attaque conventionnelle et rentrer si l'on peut accéder en sécurité jusqu'au compartiment (le volume en feu NDLR)".

Les limites

D'autant que l'attaque transitoire connaît certaines limites, listées par Martin Fournelle. "S'il y a des balcons, on ne peut pas forcément atteindre le plafond. Un bâtiment trop haut ne permettra pas non plus de réaliser une attaque transitoire. Par ailleurs, il faut être rapide donc, si l'accès à la façade est trop compliqué, mieux vaut ne pas perdre trop de temps à tenter de la rejoindre".

Texte et photos : Matthieu Guyot de Saint Michel


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