Volontariat chez les sapeur-pompiers : à la recherche d’un nouveau souffle

Institutionnel - Le 10 janvier 2018

C’est depuis le centre de secours de Méru, en terre picarde, que le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a officiellement lancé, le 4 décembre dernier, la mission nationale sur l’avenir du volontariat de sapeur-pompier.

Le jour était bien choisi – celui de la Sainte-Barbe – pour commencer à mettre en œuvre l’engagement pris sur ce sujet par le chef de l’état, le 6 octobre dernier : « Nous sommes arrivés à la fin d’un cycle, celui engagé par les travaux de la commission Ambition volontariat, présidée par Luc Ferry en 2009, et les dispositions ensuite engagées et adoptées en 2012-2013 pour en faciliter l’exercice », avait constaté le président de la République, avant d’annoncer : « J’ai donc demandé au ministre de l’Intérieur de mener une consultation élargie pour arrêter sur la durée du quinquennat un plan innovant et ambitieux concernant le volontariat. »

La mission sur le volontariat de sapeur-pompier a pour objectif de faire émerger de nouvelles propositions permettant de « susciter encore davantage de vocations », comme le soulignait Gérard Collomb dès le 14 octobre dans son allocution lors du congrès annuel des sapeurs-pompiers de France à Ajaccio. « Chacun s’accorde aujourd’hui sur le fait qu’il est devenu urgent de porter une nouvelle ambition, avait-il alors affirmé. Pas seulement des réformes à la marge, avec des ajustements paramétriques. Mais une vraie refondation. »

Sollicitations opérationnelles en augmentation

Dans un contexte où les sollicitations opérationnelles augmentent, avec près de 4,5 millions d’interventions, et où les menaces se multiplient (dérèglement climatique, terrorisme, pandémies, etc.), le renforcement du volontariat sapeur-pompier apparaît comme une impérieuse nécessité. à la fois pour la FNSPF et pour le ministre de l’Intérieur qui en a rappelé l’urgence au moment d’installer cette mission : « Il nous faut aujourd’hui réinventer notre modèle, pour l’adapter à la société actuelle, pour inventer finalement le volontariat du XXIe siècle. La société a évolué, le volontariat aussi doit changer. »

Une consultation jusqu’à fin mars

La consultation élargie qui est menée jusqu’à la fin du mois de mars 2018 dans le cadre de cette mission a donc comme but de trouver des solutions pour dépasser au plus vite le seuil des 200.000 hommes et femmes sapeurs-pompiers volontaires.

Certaines des pistes à explorer sont déjà bien connues : renforcer l’attractivité pour convaincre les femmes de sauter le pas et de s’engager en nombre dans les corps de sapeurs-pompiers, elles qui n’y figurent qu’à hauteur de 16 % au niveau national.

D’une manière générale, il s’agit d’améliorer l’attractivité pour ouvrir plus largement le recrutement à de nouvelles vocations dans les milieux urbains et périurbains, et notamment dans les quartiers populaires. Il faut également davantage œuvrer pour aider à mieux concilier l’engagement altruiste avec les vies professionnelle et familiale, pour éviter qu’un tiers des sapeurs-pompiers volontaires choisissent comme aujourd’hui de ne pas le renouveler après cinq ans.

Des axes de travail pas tous nouveaux mais qui nécessitent d’être totalement revisités, débattus, enrichis au cours de cette large consultation à laquelle va donner lieu cette mission pour l’avenir du volontariat de sapeur-pompier. Une mission confiée par le ministre de l’Intérieur à cinq personnalités éminentes (voir encadré ci-dessous), en phase avec le sujet, dont Eric Faure, président de la FNSPF, qui a choisi d’impulser une démarche mobilisatrice et participative pour faire remonter des territoires le maximum d’idées neuves et de solutions pragmatiques.

Gérard Collomb a souhaité que ce grand débat s’organise autour de trois axes prioritaires : « Comment susciter de nouvelles vocations et diversifier le recrutement des volontaires ? Comment fidéliser les sapeurs-pompiers volontaires ? Quels moyens pour revaloriser l’engagement ? » Les membres de la mission devront lui remettre leur rapport fin mars afin de lui permettre de préparer le nouveau plan qui sera présenté lors du prochain congrès national des sapeurs-pompiers de France qui se tiendra en septembre à Bourg-en-Bresse.

Le réseau fédéral très actif

D’ores et déjà, le réseau fédéral s’est montré très actif lors de la journée d’échanges et de réflexion qui a eu lieu le 21 décembre à la Maison des sapeurs-pompiers de France. La centaine de participants ont initié la démarche sous un angle prospectif et stratégique. Avant d’imaginer des solutions, c’est donc par une étape de diagnostic que la réflexion s’est engagée, portant sur les réponses souhaitables à apporter au décalage croissant entre les effectifs et la sollicitation, la diversité des formes d’engagement, et l’hétérogénéité des territoires et des missions.

Au total, 10 groupes d’une dizaine de membres (présidents d’unions départementales et régionales, administrateurs de la FNSPF, membres des commissions, directeurs…) représentifs des régions, ont ainsi planché sur deux thématiques :

• D’abord « Quel volontariat demain ? », en déclinant les objectifs à atteindre et les actions à proposer en matière de capacité humaine de réponse face au risque courant et aux situations de crise.
   
• La seconde séquence portait sur « Que serait un volontariat attractif, fidélisé et valorisé ? », question volontairement ouverte pour susciter un champ de propositions aussi large que possible.

La synthèse est en cours à l’heure où ce numéro est mis sous presse et sera largement développée dès le mois prochain, enrichie par les réflexions issues des territoires grâce à l’implication massive du réseau.

Tout savoir sur la mission volontariat

 

 

 

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Texte : Hugues Demeude
Photos : Loïc Picard

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