Des idées pour doper vos portes ouvertes

Solidarité - Le 13 avril 2017

[MAGAZINE] Faire découvrir au grand public l’activité de sapeur-pompier. Diffuser des messages de prévention. Promouvoir le volontariat. Fédérer l’équipe d’un CIS autour d’un projet… Autant de bonnes raisons d’organiser des journées portes ouvertes ! Mais comment s’assurer que l’affluence soit à la hauteur de l’énergie investie ? Comment attirer le grand public au-delà des personnes déjà concernées ? Comment faire en sorte que cet événement se concrétise par le recrutement de SPV ? Des centres de secours nous ont livré les clés de leur succès.

Portes ouvertes sapeurs-pompiers

Magazine sapeurs-pompiers de France, n°1099 – Avril 2017

Cette année, le CIS de Lognes (Seine-et-Marne) a pris en charge les portes ouvertes organisées à tour de rôle dans son groupement, sous l’égide du Sdis 77, en association avec l’amicale et l’UDSP 77.

Pour l’occasion, les sapeurs-pompiers ont choisi une formule originale : ils y ont associé une compétition multi-sauvetage, mettant en lice huit binômes venus de tout le département, sur quatre manœuvres : un feu d’appartement, une reconnaissance dans un bus enfumé avec ARI, un sauvetage aérien et une désincarcération.

Le tout était commenté en direct par le lieutenant Frédéric Garcia. « Nous souhaitions faire découvrir au public nos techniques à travers des démonstrations en temps réel. Elles ont suscité de nombreuses questions ! », indique-t-il au sujet de cet événement organisé le 1er octobre dernier.

 

Partenariat avec Playmobil

Autre CIS, autre choix. À Carpentras (Vaucluse), les portes ouvertes se déroulent l’après-midi du 13 juillet et s’achèvent par un bal populaire, depuis trois ans. Avec succès. « Nous avons été énormément surpris par la fréquentation, se réjouit le capitaine Yvan Pacôme, son chef de centre. À l’origine, nous souhaitions récolter des fonds pour l’amicale. Nous avons pensé au bal, mais il nous semblait important d’ajouter une dimension pédagogique, d’où ces portes ouvertes, agrémentées de nombreux ateliers et animations : voiture tonneau, secourisme, jeux de lance, mini parcours sportif pour les enfants, manœuvres Grimp, stand de l’UD…

Ce moment nous permet de mieux nous faire connaître auprès du public : c’est l’occasion d’échanger dans un cadre différent d’une intervention. » Une façon de démystifier l’image de super-héros, pour montrer que tout le monde peut devenir sapeur-pompier. Quoi de plus satisfaisant en effet que de valoriser son savoir-faire, de partager sa passion, tout en diffusant des messages de prévention ? Mais il n’est pas toujours évident d’attirer un public qui pense déjà tout savoir des sapeurs-pompiers grâce aux reportages télévisés. D’où les efforts menés par les CIS pour imaginer des formules susceptibles de séduire un large public.

« Trop souvent, les portes ouvertes accueillent les connaissances des sapeurs-pompiers, les membres des centres de secours voisins ou les passionnés. Il est plus difficile de faire venir les personnes qui ne sont pas concernées par le sujet, souligne le lieutenant honoraire Stéphane Poinsot, ancien SPV à Vittel-Contrexeville (Vosges). Pour y remédier, en 2015, nous avons ciblé les enfants pour attirer davantage les familles », poursuit cet instituteur, auteur d’un livret d’activités destiné à faire découvrir l’univers des sapeurs-pompiers aux jeunes.

C’est ainsi que son centre de secours a fait appel à Playmobil France : « Nous avons demandé l’autorisation d’utiliser la marque sur nos affiches et obtenu auprès des magasins des Playmobil géants », expliquent le capitaine Gosselin, chef de centre à l’initiative de ces portes ouvertes, et le sergent-chef Cédric Rullier, qui a sollicité ce partenariat. Outre les célèbres figurines, le CIS avait mis en place un village de la sécurité dédié aux enfants, comprenant un quiz sur les accidents domestiques, diffusé sur un tableau numérique, des ateliers autour des Daaf et des DSA, des jeux d’extinction, un parcours sportif du petit pompier... Pendant ce temps, les parents étaient invités à une visite commentée du centre de secours, qui alternait avec des manœuvres.

 

Un forum des associations au CIS

Le défi est d’autant plus grand pour les CIS ruraux, distants de plusieurs kilomètres avec les habitants qu’ils défendent. Pourtant, ces petits centres sont ceux qui ont le plus besoin de se faire connaître pour recruter des volontaires. Georges Lagier, ancien chef du CIS Beaumont-du-Gâtinais (Seine-et-Marne), mille habitants, y est parvenu, pendant neuf années consécutives, en sollicitant l’implication du tissu local : il organisait un forum des associations au sein du centre de secours, en même temps que les portes ouvertes. Une manifestation baptisée « Festi 18 » : « Nous invitions de nombreuses associations culturelles et sportives à tenir des stands (théâtre, dessin, vélo, hockey, activités dédiées aux retraités, etc.), ce qui nous assurait une grande mixité de population, tant du point de vue social qu’intergénérationnel. Nous finissions la journée par une tombola et un concert », se souvient-il.

En ciblant le public associatif, réceptif à la notion d’engagement, cet événement festif, qui animait la vie locale, a permis au CIS d’augmenter son effectif jusqu’à une vingtaine de SPV, contre une dizaine auparavant. « En montrant l’énergie déployée par l’équipe, nous donnions envie aux visiteurs de nous rejoindre », explique ce sapeur-pompier professionnel. Las, l’événement s’est essoufflé après son départ. Et pour cause. Demander du prêt de matériel à la commune, prévoir les animations, solliciter les équipes spécialisées du département... Une telle manifestation requiert une importante logistique : « En septembre dernier, les premières portes ouvertes sous mon commandement ont été planifiées plus de six mois à l’avance, par un groupe de travail, qui s’est réuni régulièrement », indique le capitaine Romuald Gorenflos, chef de centre à Méru, dans l’Oise.

L’une des clés de la réussite tient à la communication : « Outre les médias locaux, nous nous sommes tournés vers la commune, qui a annoncé l’événement sur ses panneaux numériques ». Avec l’aide du Sdis, l’animation des réseaux sociaux et l’affichage ont fait le reste. « Néanmoins, la communication auprès des écoles figure parmi les axes d’amélioration que nous avons identifiés », souligne celui qui a reçu 14 candidatures de SPV et 5 de JSP à la suite de l’événement.

À Carpentras aussi, la mairie apprécie tellement l’initiative qu’elle l’a intégrée dans son agenda, tandis que le cinéma local diffuse un film d’annonce quelques jours avant l’événement. Parmi la logistique figure la mise en place d’un service de restauration. Il nécessite certes de l’organisation, mais apporte de la convivialité et permet de collecter des fonds au profit de l’amicale, de l’ODP ou d’autres associations caritatives. Quant à savoir à quel rythme proposer ces portes ouvertes, chaque CIS avise, en fonction de la motivation des équipes et des besoins en recrutement. Face à l’effort logistique, rares sont ceux qui s’y emploient chaque année.

D’où le travail actuellement mené par le capitaine Éric Chatelon pour scénariser une visite originale, ponctuée d’interventions autour des gestes qui sauvent. Objectif : proposer un modèle facilement reproductible, quelle que soit la taille du CIS.
 

Dispositif préventif de sécurité

Quant à savoir s’il y a des pièges à éviter, le principal est de veiller à assurer la continuité du service, en maintenant le potentiel opérationnel de la caserne. « D’où l’intérêt de bien baliser les zones accessibles et non accessibles », souligne le capitaine Gorenflos. Le CIS de Carpentras en sait quelque chose : « La première année, nous sommes intervenus sur un important feu de forêt pendant la manifestation : cela n’a pas posé de problème dans la mesure où nous avions une quarantaine de sapeurs-pompiers présents pour l’occasion, dont la moitié a donc décalé », indique le capitaine Yvan Pacôme.

Autre point important, la création d’un espace de parking ne gênant pas la circulation. Mais ce n’est pas tout.

« Les portes ouvertes transforment le CIS en ERP, d’où la nécessité de prévoir un dispositif préventif de sécurité, prestation proposée par l’UD », ajoute-t-il. Sans compter qu’il faut prévoir des espaces de repli en cas de caprices météo et ne pas omettre d’inviter les autorités locales ainsi que la direction et les élus du Sdis.

Cet événement concourt non seulement à faire découvrir au grand public le quotidien des sapeurs-pompiers, à le sensibiliser aux gestes qui sauvent et à promouvoir le volontariat, mais présente en outre l’intérêt de mobiliser l’ensemble du CIS autour d’un projet. « D’un point de vue managérial, le fait d’organiser des portes ouvertes est éminemment fédérateur : officiers, comme hommes du rang, SPV, SPP, PATS, SSSM… tout le monde met la main à la pâte ! », se réjouit Yvan Pacôme, qui prépare déjà la prochaine édition.

Texte : Coline Léger

Capitaine Éric Chatelon
Membre de la commission prévention de la FNSPF

« Une visite rythmée par des SP acteurs, simulant un accident. »

SPF - le Mag : Vous travaillez à la rédaction d’un scénario de visite de centre de secours. Pourquoi ?
Capitaine Éric Chatelon : Il s’agit de proposer un outil facile à mettre en œuvre et reproductible quelles que soient la configuration ou la taille du centre de secours. L’organisation de portes ouvertes nécessite une logistique importante, qui peut expliquer que certains CIS s’essoufflent avec les années. C’est pourquoi nous avons imaginé ce dispositif simple et léger, qui mobilise peu de personnel, et qui ne présente pas de grosses contraintes en termes d’organisation.

Retrouvez l'intégralité de l'interview du Capitaine Chatelon dans le dossier du sapeurs-pompiers magazine à télécharger ci-dessous

Dossier : Journées portes ouvertes

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