Conférences spécialisées
Des conférences spécialisées ont eu lieu vendredi 24 mars 2017, lors des journées scientifiques européennes du service de santé et de secours médical (SSSM) "Secours Santé 2017", au Palais des congrès de Vannes. En voici les présentations accompagnées des éléments projetés dans la salle de conférence.
Panorama des conférences spécialisées
- Marin : un métier difficile ?
- La production d’eau en situation de catastrophe
- Peut-on accoucher dans l’eau ?
- Déterminer la qualité des eaux de baignade
Marin : un métier difficile ?
Auteur et orateur : Dr D. LEGEAY, médecin-chef du service du contrôle médical de l’Enim
L’Établissement national des invalides de la marine (Enim) est le régime social des marins. C’est un établissement public administratif créé par un décret du 30 août 2010. II est un des plus anciens régimes de sécurité sociale, puisqu’il trouve ses origines en 1673, lorsqu’un règlement royal crée le Fonds des invalides de la Marine. Ce Fonds, par des prélèvements d’un faible pourcentage sur la solde des marins, vise à financer des hospices maritimes pour héberger et soigner les marins « estropiés ». La Caisse des invalides de la Marine est ainsi créée. En 1681, la grande ordonnance sur la Marine, dite « Ordonnance de Colbert », instaure les obligations de l’armateur envers les marins blessés ou malades à bord. Généralisé au XVIIIe siècle, le régime couvre aujourd’hui les domaines de la maladie, de la retraite, des cotisations des marins et des employeurs, et de l’action sanitaire et sociale. Les praticiens conseils exerçant au sein du service de contrôle médical de l’Enim participent à la reconnaissance, la prise en charge et le suivi des accidents du travail et des maladies professionnelles des marins. Ceux-ci sont exposés à différentes pathologies dans leur activité professionnelle, et peuvent se retrouver en situation d’arrêt de travail. Le médecin-conseil a pour mission de vérifier, lors d’une visite de contrôle, que l’arrêt de travail est justifié, ce qui entraîne le versement d’une indemnité. L’accompagnement et le suivi du marin, durant cette période difficile de situation d’interruption du travail, se font en lien avec son médecin, le service social maritime et le service de santé des gens de mer (aptitude au travail). À l’issue de l’arrêt, le médecin-conseil est aussi chargé d’évaluer les conséquences médicales liées à l’accident ou à la maladie professionnelle. Cela peut aller jusqu’à l’éventuelle fixation d’un taux d’incapacité permanente partielle (IPP) face aux séquelles constatées au moment de la consolidation, et parfois à une décision d’inaptitude définitive au métier de marin.
Pathologies principales
Cette intervention commencera par un rappel des modalités réglementaires de prise en charge par le service du contrôle médical. Elle décrira ensuite, après avoir abordé les circonstances d’accidents du travail maritime en 2015, les principales pathologies du marin en accident du travail, et les maladies professionnelles ayant entraîné le plus grand nombre d’arrêts de travail. Elle traitera également des affections à l’origine de séquelles ayant généré les plus importants taux d’IPP.
La production d’eau en situation de catastrophe
Auteur et orateur : O. BON, officier des Formisc - UIISC 1 Nogent-le-Rotrou
De nombreux accidents catastrophiques (cyclones, tremblements de terre) peuvent conduire à une désorganisation du tissu local de production d’eau potable, mettant à mal un état sanitaire, souvent déjà précaire, qui risque de faire survenir des épidémies liées à la pénurie hydrique. Certains États sont susceptibles de recourir à l’aide internationale et ainsi de demander, par le biais de mécanismes internationaux (ONU, Union européenne), des détachements de purification d’eau (« water purification modules »).
Deux modules armés par les UIISC
La réponse étatique française repose sur deux modules armés par les Unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC). Ces modules s’appuient sur du matériel qui répond, en termes qualitatifs, aux normes européennes et françaises (diagnostics biologique et physico-chimique, décantation, filtration, ultrafi ltration, ultraviolets, chloration). L’objet de la présentation est d’expliquer de manière synthétique le fonctionnement d’un module DTE (Détachement traitement de l’eau), avec ses mécanismes de production, ses capacités d’analyse, ses limites et contraintes, qui peuvent influer notablement sur les capacités de production journalières. L’expérience récente montre que la demande d’engagement de tels modules va en croissant (exemples dans les dernières années du Népal, de la Serbie, de l’Équateur et de Haïti pour le cas d’action du gouvernement français). La réponse apportée est souvent bénéfique pour un nombre important de sinistrés.
Peut-on accoucher dans l’eau ?
Auteurs et orateurs : S. LEMOINE* ; P. LE DU PLOUGASTEL**
Oui, l’obstétrique se met à l’eau. L’accouchement aquatique est couramment pratiqué dans plusieurs pays d’Europe dont les leaders sont le Royaume-Uni, la Belgique et les Pays-Bas, ainsi qu’au Canada, États-Unis ou encore en Australie. Plus de 90 pays offrent la possibilité d’accoucher dans l’eau. Et bien que le premier accouchement de ce genre répertorié dans l’histoire soit en France, actuellement, celui-ci ne s’y développe pas comme dans les autres pays. Seules 9 maternités sur les 553 maternités françaises pratiquent l’accouchement aquatique, dont la maternité de l’hôpital de Guingamp. Au total, environ 230 naissances dans l’eau ont été répertoriées pour l’année 2012, soit 0,03 % des accouchements.
Journées françaises de naissances aquatiques
C’est pourtant grâce aux idées audacieuses de Michel Odent, gynéco-obstétricien, chef de service de la maternité de Pithiviers de 1962 à 1983, que de nombreuses maternités européennes et françaises continuent à promouvoir cette pratique. Ses travaux ont été poursuivis en France par le Dr Thierry Richard, fondateur de l’Association française de naissance aquatique (AFNA) en 1999, qui popularise la technique en organisant « les Journées françaises de naissances aquatiques » réunissant des médecins et sages-femmes de toute l’Europe. Cependant, certains professionnels de santé, ne pouvant s’appuyer sur des études de qualité qui font en e_ et défaut dans la littérature, suspectent l’accouchement dans l’eau d’être responsable de complications maternelles et néonatales telles que l’hémorragie de la délivrance, les infections materno-foetales ou encore la « noyade » du nouveau-né. Or, l’immersion dans l’eau pendant l’accouchement présente de nombreux avantages : diminution du temps de travail, diminution du recours à la péridurale, amélioration de l’élasticité du périnée, réduction du taux d’instrumentation, et surtout un meilleur vécu de l’accouchement. Alors, à une époque où la médicalisation de l’accouchement est de plus en plus controversée et la cible de nombreuses revendications, l’eau peut être considérée comme une alliée de l’obstétrique moderne, même si cette activité est peu rentable, à l’heure de la tarification à l’activité, et nécessite aussi une grande disponibilité des équipes. Mais pour cela, l’accouchement aquatique doit être encadré par un protocole assurant une sécurité maximum, destiné à une population à bas risque et très sélectionnée.
* Médecin BSPP.
** Expert sage-femme SPV SSSM / Sdis 56.
Peut-on accoucher dans l’eau ?
Déterminer la qualité des eaux de baignade
Auteur et orateur : B. RICHARD, ingénieur sanitaire à l’ARS
La qualité des eaux de baignade est une préoccupation essentielle en matière de santé publique. C’est aussi un indicateur global de la qualité environnementale des eaux côtières et intérieures, et un enjeu touristique majeur pour de nombreuses collectivités et professionnels du tourisme. La surveillance et la gestion des eaux de baignade sont réglementées depuis près de 40 ans au niveau européen. En France, cette mission est assurée par les Agences régionales de santé (ARS), en partenariat avec les collectivités. Chaque année, pendant la saison touristique, près de 3 500 sites sont ainsi contrôlés, donnant lieu à la réalisation de plus de 30 000 prélèvements et 60 000 analyses. Ce suivi permet de prévenir et d’éviter l’exposition des baigneurs à une eau pouvant présenter des risques sanitaires.
Mauvaise qualité microbiologique
Ces risques sont principalement liés à une mauvaise qualité microbiologique de l’eau, ce qui peut se traduire par des gastroentérites, des affections de la sphère ORL et des dermatites. En mer, les efflorescences de phytoplancton, les échouages d’algues et les arrivées de méduses sont aussi surveillées de près. En eau douce, des risques infectieux spécifiques existent (leptospirose, bilharziose). Dans certaines régions, d’autres risques sont associés aux proliférations de micro-algues potentiellement toxiques, les cyanobactéries, qui font l’objet d’une surveillance spécifique par l’ARS. En cas d’anomalies identifiées pendant la saison balnéaire, l’ARS et les collectivités évaluent le risque sanitaire pour la population et déterminent les mesures de gestion adéquates, en particulier la possibilité d’interdire temporairement la baignade. Les principales causes de dégradation de la qualité microbiologique des eaux sont les dysfonctionnements du système d’assainissement des eaux usées, ou celui des apports d’eaux contaminées par le réseau hydrographique, ou le réseau de collecte des eaux pluviales. À l’issue de la saison touristique, un classement de qualité est attribué à chaque site de baignade, traduisant la qualité globale des eaux. En France, 97 % des eaux de baignade respectent les exigences de qualité communautaires.