Facturer les interventions des pompiers, c'est "bafouer" la gratuité des secours (Fédération nationale)
Paris, 28 mars 2016 (AFP) - La décision prise dans le Calvados de facturer aux usagers certaines interventions des sapeurs-pompiers "bafoue" le principe de gratuité des secours, a affirmé lundi à l'AFP le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.
"Le principe de gratuité des secours est bafoué", a déclaré le colonel Eric Faure, regrettant "un effet de communication" ou encore "une sorte de populisme", au détriment de la mission fondamentale de "sécurité publique".
Le 21 mars, le conseil d'administration du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) du Calvados, dirigé par le président (UDI) du département Jean-Léonce Dupont, a décidé d'assortir d'une contribution forfaitaire certaines interventions du SDIS.
A compter du 1er avril, il en coûtera ainsi 463 euros pour un déblocage d'ascenseur ou pour une "levée de doute alarme incendie", 410 euros pour un "appel abusif avec engagement", 241 euros pour une personne en état d'ébriété ou pour un "relevage à domicile sans transport", à la suite d'un malaise par exemple.
"Aujourd'hui, tous les SDIS ont pris des dispositions pour facturer les interventions abusives. Il existe déjà des dérogations, comme le principe du pollueur-payeur pour la pollution d'une rivière par exemple, mais aussi pour des interventions qui relèvent plus du confort que de la sécurité publique, comme pour un nid de guêpes. Mais là, on est face à autre chose", a souligné le colonel Faure.
"Par exemple, a-t-il détaillé, une personne âgée qui tombe de son lit et appuie sur son bouton d'alarme. Dans le Calvados, les appels de télé-alarme arrivent directement chez les pompiers, qui vont intervenir. Alors pour la personne âgée, c'est la double peine: elle paye une société pour avoir cette alarme et va devoir en plus payer 241 euros aux pompiers qui l'ont relevée".
Autre exemple, donné dans la matinée sur RMC, celui d'une personne ivre sur la voie publique: "si on appelle les pompiers, a souligné le colonel Faure, ce n'est pas parce qu'elle fait du bruit, mais parce que c'est une personne qui souffre".
"A faire peur aux gens, on risque d'engendrer des accidents. Certains n'oseront pas appeler", a-t-il dit à l'AFP.
Dans le Calvados, la décision annoncée a été dénoncée par des élus de gauche comme une "atteinte au service public" de la part de la majorité départementale qui a déjà "supprimé plusieurs dizaines de postes de sapeurs-pompiers en 3 ou 4 mois".
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