A l'heure de la canicule
La grande canicule de 2003, avec ses 15 000 décès, est restée dans les mémoires. Si une telle ampleur reste exceptionnelle, ce phénomène s’abat encore régulièrement sur notre pays. Retour sur un événement météorologique impactant fortement les secours. Article issu du magazine Sapeurs-pompiers de France de mai 2016.
Apparu vers 1500, le mot canicule vient du latin canicula, qui signifie « petite chienne » (du latin canis, chien), autre nom de l’étoile Sirius, la plus brillante de la constellation du Grand Chien. La survenue d’une canicule correspondait essentiellement à la période, allant du 24 juillet au 24 août, pendant laquelle cette étoile se couchait et se levait en même temps que le soleil, il y a 3 000 ans.
Qu'est-ce qu'une canicule ?
La canicule désigne un épisode de températures élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée, avec une faible amplitude thermique.
Ce phénomène, comme le grand froid, constitue un danger pour la santé de tous.
Météo-France et l’Institut de veille sanitaire (InVS) ont défini une corrélation entre les températures et la mortalité chez l’homme, considérant que le risque n’est pas identique partout en France. Deux seuils de température, à géographie variable, encadrent la notion de canicule, avec une durée minimale de trois jours. Le premier seuil indique la température la plus chaude, et donc la plus éprouvante, susceptible d’être atteinte en journée. Le deuxième seuil
indique la température sous laquelle le thermomètre ne descendra pas, en fin de nuit (heure généralement la plus fraîche). Une telle température ne permet aux personnes ni de se reposer ni de récupérer physiologiquement.
Au bout de trois jours d’un tel régime, des problèmes – d’ordre sanitaire et comportemental – apparaissent.
Des épisodes marquants
On a observé depuis 1950 plusieurs vagues de chaleur remarquables :
- un épisode d’intensité exceptionnelle du 2 au 14 août 2003 ;
- des épisodes de forte intensité du 23 juin au 7 juillet 1976, du 9 au 31 juillet 1983 et du 10 au 28 juillet 2006.
Dès le début de l’été 2015, un épisode caniculaire, exceptionnel par sa durée et sa précocité, s’abat sur l’Europe occidentale. Des records de température sont largement battus, en France, entre le 28 juin et le 4 juillet : 40,2 °C à Cazaux (Gironde), 25,3 °C à Boulogne-sur-mer* (Pas-de-Calais), 38,3 °C à Dieppe (Seine-Maritime) et 41,1 °C à Saint-Étienne (Loire), par exemple.
Quarante préfectures de départements anticipent ces changements de température, dès le 1er juillet, en déclenchant le niveau 3 du plan « canicule ».
Malgré tout, 500 000 foyers se trouvent privés d’électricité dans l’Ouest. Paris souffre également de ce type de perturbations : les gares parisiennes de Montparnasse, Saint-Lazare et du Nord activent des postes de secours avancés en raison du trafic perturbé, qui a pour corollaire des malaises chez les usagers. Il s’ensuit, pour la métropole, 700 décès supplémentaires et une moyenne de quatre noyades par jour durant plus d’un mois. Voici pour les faits les plus marquants relevés dans le Bulletin quotidien de la protection civile (BQPC).
De la mauvaise utilisation des points d'eau incendie
D’un point de vue qui pourrait sembler anecdotique, on se souvient sans doute de l’ouverture intempestive et à gueule-bée, des points d’eau incendie utilisés, en secteur urbain, comme geysers ou fontaines rafraîchissantes.
À Lille, Tourcoing et ailleurs dans la Métropole européenne de Lille (MEL), ce sont environ 100 points d’eau incendie qui sont manipulés sans précaution. Puis, par effet de contagion, plus de 300 appareils seront ouverts en Île-de-France en passant outre les dangers et inconvénients que ces exactions représentent : inondations de sous-sols, électrocutions, coupures de la circulation routière, coupures d’eau et autres lessives souillées par la turbidité de l’eau. Un jeune homme est même blessé à Bobigny (93).
Rappelons que ces actes de vandalisme sont punissables : « La destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien appartenant à autrui est punie de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, sauf s’il n’en est résulté qu’un dommage léger »
(article R322-1 du Code pénal).
Également, le juge peut assimiler ces actes à du vol d’eau. L’article R311-4 dudit Code est alors applicable : « Le vol est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. »
* Pour Boulogne, en fin de mois de juin, en façade littorale, 25,3 °C correspond bien à un record !
Texte : Commandant (e. r.) Philippe Carrière, membre du Cerisc, chargé de cours à l’Ensosp
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