Le docteur Jean-Claude Deslandes nous a quittés
Anesthésiste-réanimateur et médecin-chef des sapeurs-pompiers avec le grade de colonel, Jean-Claude Deslandes nous a quittés en toute discrétion le 29 mai 2022 à l’âge de 76 ans après, comme on dit, « une longue et cruelle maladie ». Pour nous, l’ami Jean-Claude était surtout l’homme de Ganges (Hérault). Profondément cévenol, dans sa pensée comme dans ses multiples actions, il a fait partie de ces médecins de l’avant qui, sous l’égide du professeur Louis Serre dont il était le disciple, ont amené la médicalisation des secours « du pied de l’arbre au bloc opératoire », à une époque où les polytraumatisés de la route étaient légion.
Il a mis son talent de formateur au service des sapeurs-pompiers et a été l’une des chevilles ouvrières du service de santé et de secours médical (SSSM). Nous nous souvenons de ses interventions hautes en couleur à Nainville-les-Roches lors des premiers stages de secours routier dans les années 70. Il avait compris l’importance de la diffusion des connaissances pour les secours d’urgence et avait fait de sa petite ville de l’Hérault, avec la publication de sa revue « Urgences pratiques », le centre français des bonnes pratiques sur le terrain, éclipsant bien des revues universitaires. Le terrain, il connaissait, tant comme médecin SPV – il était l’un des premiers participants de l’Escrim –, que comme responsable régional de Médecins sans frontières, ce qui l’avait entraîné dans de nombreux théâtres de catastrophe ou de guerre.
La formation, son cheval de bataille, l’avait conduit à importer d’Amérique du Nord en France l’Advanced Cardiac Life Support (ACLS), avec l’introduction des concepts Airway, Breathing, Circulation (ABC) en réanimation qui ont d’abord été combattus par les « pontes » français de l’urgence universitaire avant qu’ils s’y rallient. Il suffit de relire les nombreux éditoriaux de Jean-Claude, tant dans Urgences pratiques que dans le magazine du SSSM dont il a assumé la direction médicale, pour voir ses talents d’écrivain et de polémiste défendant ses idées et, par-dessus tout, la science médicale. Mais, comme auteur, dans ses nombreux livres, il a illustré sa passion pour l’histoire de la médecine, les relations médecin - malade et les récits cévenols. Car il s’est penché sur l’histoire des Cévennes dans l’une des périodes les plus sombres qu’elles ont pu vivre, la guerre des Camisards, dans son ouvrage D’un continent, l’autre – de larmes et d’espoir. La catastrophe aérienne dans les Cévennes et ses suites qui ont coûté la vie au général Charles Huntzinger dans son avion le ramenant d’Algérie est l’objet de son passionnant livre La fièvre de l’or.
Chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’ordre national du Mérite, Jean-Claude Deslandes a bien mérité un hommage de la France qu’il chérissait tant. Et on peut espérer que bientôt, dans les Cévennes, un centre de secours portera son nom.
Médecins colonels (er) Jean-Yves Bassetti et Francis Lévy