Le billet du soir : la réplique
[MAG] Chaque soir, pendant le Congrès national de Bourg-en-Bresse, nous vous proposons un billet sur les dossiers d’actualité qui préoccupent la communauté des sapeurs-pompiers.
Pour celui qui suit chaque année, en début de Congrès national, la traditionnelle réunion des présidents d'unions départementales (PUD), on a retrouvé aujourd'hui (le mercredi 26 septembre 2018) la même atmosphère de veillée d'armes qu'il y a quinze ans, lors du précédent congrès de Bourg-en-Bresse, en 2003. Déjà à l'époque, un passage de relais s'effectuait, après le vote des grands électeurs, de Daniel Ory à Richard Vignon, comme cette année d'Eric Faure à Grégory Allione. Un vote déterminant dont l'ampleur en voix est synonyme de poids pour peser toujours davantage.
Un contexte de forte préoccupation
Tous les PUD et membres des CA de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), de l'œuvre des pupilles (ODP) et de la Mutuelle nationale des sapeurs-pompiers de France (MNSPF) semblaient bien conscients de la portée politique de cet événement en préparation. D'autant que le président Éric Faure a rappelé dans quel contexte de forte préoccupation concernant l'avenir du volontariat se déroulait cette élection. Il y a 15 ans, le président Ory et son successeur avaient dû faire un aller-retour impromptu place Beauvau, le vendredi soir, pour aller rencontrer Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, en vue d'obtenir des avancées significatives au profit de la communauté des sapeurs-pompiers. «Nous sommes au même carrefour qu'en 2003», a souligné avec force Grégory Allione lors de cette réunion des PUD, ajoutant «tous ensemble, on peut peser de tout notre poids territorial pour montrer qui on est.»
Pourquoi une telle inquiétude ?
Pourquoi une telle inquiétude qui suscite cette atmosphère de veillée d'armes ?
La volonté de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC), au ministère de l'Intérieur, de décliner la directive européenne qui assimile les sapeurs-pompiers volontaires comme des «travailleurs» et non pas comme des citoyens à l'engagement altruiste. Avec pour conséquence, la survie même du modèle français de secours. Eric Faure et Grégory Allione ont tenté néanmoins de rassurer les sapeurs-pompiers présents dans la salle: le ministre de l'Intérieur, après l'entrevue qu'il leur a accordée la semaine dernière, s'est montré offensif hier, mardi, au Sénat pour préserver ce modèle. L'objectif est de trouver des solutions au niveau européen pour éviter d'assujettir les SPV aux contraintes de limitations horaires des travailleurs. «C'est avec un certain sourire que nous allons donc commencer ce congrès», s'est réjoui le président Faure. Tout en appelant à la plus grande vigilance.
Texte : Hugues Demeude
Photos : Stéphane Gautier