Édito du Président de la FNSPF : "À votre santé !"
[MAGAZINE] Dans l'édito du magazine « Sapeurs-Pompiers de France Le Mag » daté d'avril 2019, Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, revient sur les premières Assises nationales Santé, Secours et Territoires.
En réunissant des représentants des ministères de l’Intérieur et de la Santé, des professionnels de santé, des élus et des sapeurs-pompiers, les premières assises nationales « Santé, Secours et Territoires », qui se sont tenues dans la Creuse, ont été révélatrices.
Bilan ? Ni discours politiques, ni technocratie administrative, ce qui tombe bien. Intervenants et auditeurs ont pu partager diagnostic et pistes de solutions dont beaucoup sont annonciatrices de réelles mutations dans la mission de secours d’urgence aux personnes.
Un enjeu tout sauf anodin, pour les sapeurs-pompiers – puisqu’il porte sur 84% de notre mission – et pour la population au profit de laquelle ils interviennent seuls dans 95 % des cas. Passer par la case diagnostic n’était pas une option.
Depuis des années, la République multiplie les réflexions en matière de santé publique. La loi dite « HPST », pour « hôpital patients santé territoires », de 2009, la loi Santé de 2016, puis l’actuel projet de loi issu du plan stratégique « Ma santé 2022 » ont un point commun : l’absence éclatante de prise en compte du domaine des urgences pré-hospitalières qui en sont pourtant l’un de piliers. Cinq « grandes loi santé » qui se seront succédé depuis 15 ans auront fait preuve d’un silence assourdissant sur le sujet.
Pourtant, sur le terrain, les clignotants ne manquent pas : en dix ans, une fréquentation aux urgences qui a doublé et des maternités dont le nombre a chuté d’un tiers, sans oublier, plus récemment, des fermetures de Smur, nocturnes ou certains jours, ou une diminution de leur nombre d’équipes*. Toujours sur la dernière décennie, l’activité des sapeurs-pompiers a affiché une hausse de 20%, sans parler des durées d’intervention qui augmentent.
De quoi inciter à réagir, à l’heure des défis qu’apportent le vieillissement de la population et son maintien à domicile, et quand la santé, selon les termes dont son administration a le secret, « recentre ses activités » et « optimise son offre » !
Les échanges fructueux intervenus lors de ces assises nous confortent dans la conviction que nous pouvons et devons travailler ensemble des voies de progrès en agissant sur les deux leviers que sont la demande et l’offre. La demande qui pèse sur les secours peut être maîtrisée avec par exemple des ressources fondées sur les maisons de santé et la stimulation du secteur libéral. La suppression annoncée du numérus clausus sur les médecins est à cet égard un bon signal, même si son impact prendra plus de dix ans.
Quant à l’offre, celle des secours publics, elle témoigne d’une capacité à se façonner par les réalités. J’en veux pour preuve le développement des outils de diagnostic à distance grâce à la télémédecine, la progression du niveau de qualification des sapeurs-pompiers ou l’expérimentation d’équipages à deux pour des interventions non urgentes, selon une réponse ajustée au besoin, à la baisse parfois, comme nous savons le faire à la hausse en médicalisant.
Les centres départementaux d’appels d’urgence « 112 » constituent une clé pour l'efficacité, la sécurité et le bon dimensionnement de ces opérations. Autant d’enjeux à méditer, à l’heure où, dans tous les territoires, les sapeurs-pompiers demeurent le premier recours, voire l’unique.