Cynotechnie : démonstration de «savoir-flair» au congrès national
[MAGAZINE] Pistage ou découverte de personnes disparues sans odeur de référence, 25 équipes cynotechniques montrent leurs savoir-faire aux visiteurs du congrès national des sapeurs-pompiers 2019 à Vannes (56).
Retenu par son maître, le chien aboie sans discontinuer. Le bruit ne cesse que lorsque l’homme le détache. Aussitôt, l‘animal se précipite vers un tas de gravats hérissés de buses en béton. Il s’engouffre dans l’une d’elles et le vacarme reprend aussitôt: mission accomplie, la victime est retrouvée. Le chien prévient son maître qui le félicite.
Durant le Congrès national tenu à Vannes, du 18 au 21 septembre 2019, 25 chiens et autant de maîtres issus du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Morbihan et des Sdis alentour se relaient pour démontrer leur savoir-faire aux visiteurs. «Le but est de reconstituer un site de décombres suite à un tremblement de terre, un effondrement de bâtiment ou une explosion liée à une fuite de gaz», explique le sergent-chef Eric Le Métayer, chef d’unité cynotechnique au Sdis56.
C’est justement une fuite de gaz qui a provoqué l’explosion qui a soufflé un pâté de maisons dans le centre-ville de Quiberon en juillet 2018. Eric Le Métayer a travaillé pendant deux jours sur les décombres pour s’assurer qu’aucune victime ne subsistait. «Un vrai miracle», estime-t-il.
Les buses de béton servent à simuler les aires de stockage, ces cavités qui peuvent se former lors d’un effondrement, seuls endroits d’où l’on peut extraire une victime en vie.
Onnie se lance
A une vingtaine de minutes de marche de là, une autre démonstration canine se tient dans le village prévention. Ici, pas d’amas de gravats, malvenus sur le port de Vannes, mais quelques poubelles renversées dans lesquelles un enfant se dissimule, vite découvert par le chien. A la manœuvre, le sergent-chef Fabien Savaglio, chef d’unité au centre de secours de Vannes.
Il dirige Onnie, une chienne de race rouge d’Hanovre. Il l’a prise car «elle a le nez d’un Saint-Hubert», ces chiens champions du pistage. Onnie peut ainsi se lancer sur les traces d’une personne qui a disparu depuis longtemps. «Dès six mois, on peut aller jusqu’à 14 heures après la disparition. C’est énorme pour un chien. Avec Emilio, mon précédent chien, un berger belge, on était à 8 heures», ajoute-t-il.
Le Sdis56 utilise cinq chiens issus de quatre races, rouge d’Hanovre, berger allemand, berger hollandais et berger belge malinois. Ils sont spécialisés en recherche sans odeur de référence, appelée «questage», et en pistage, qui nécessite un objet imprégné de l’odeur de la personne recherchée. Après une formation initiale de deux ans, ils sont inscrits sur une liste opérationnelle après avoir réussi deux épreuves: retrouver des victimes dans un terrain effondré et suivre une piste dans un bois. Leur recyclage est annuel. Après huit années de service, ils prennent une retraite bien méritée chez leurs maîtres qui les récupèrent.
Toujours en formation, Onnie n’est pas encore opérationnelle mais elle est déjà célèbre dans le département et même au-delà. En février dernier, elle avait en effet disparu en même temps qu’une remorque cynotechnique dérobée dans le centre de secours de Vannes. Un appel à témoins a alors été diffusé sur les réseaux sociaux et vu plus de huit millions de fois avant que la chienne soit retrouvée, à 45 kilomètres des lieux du délit. C’est donc tout naturellement qu’elle a été choisie comme mascotte du Congrès national de Vannes.
Texte : Matthieu Guyot de Saint Michel (avec Patrick Forget)
Photos : Patrick Forget