Renault et les sapeurs-pompiers de France, un partenariat exemplaire pour les interventions d'urgence sur véhicules
Face aux enjeux liés à l'arrivée sur le marché de véhicules de nouvelle génération, qu'ils soient hybrides ou électriques, ou encore dotés de nouveaux matériaux de carrosserie, il était nécessaire faire évoluer la doctrine opérationnelle de secours routier, voire d'adapter les véhicules afin d'assurer la sécurité des passagers et des intervenants. C'est là tout l'engagement du constructeur Renault qui agit depuis 2012 aux côtés des Sapeurs-pompiers de France pour la sécurité routière.
Renault et la sécurité routière, c’est une histoire qui dure depuis 60 ans, lors de la création du laboratoire d’accidentologie et de biomécanique par un médecin de l’entreprise : le docteur Claude Tarrière. Au fil des décennies, les véhicules de la marque sont devenus de plus en plus sûrs pour leurs occupants mais aussi de plus en plus complexes, et en particulier pour les interventions des services de secours. En effet, s’ils sont équipés de systèmes de sécurité performants, ils embarquent toujours plus de technologies. Or, on sait que ces changements technologiques – de par leur grande diversité selon les constructeurs et par le faible taux actuel de véhicules à énergie alternative (VEA) en circulation – sont encore difficiles à appréhender par les services de secours, qui doivent trouver rapidement des solutions pour mettre en sécurité les véhicules et leurs occupants après un accident.
Fort de son engagement en matière de sécurité, le Groupe Renault a multiplié les collaborations avec les sapeurs-pompiers depuis 2010 dont quelques-unes plus approfondies par la mise en oeuvre de travaux communs (Sdis 78, 86, 44 et 17, BSPP, LCPP) pour développer un réel savoir-faire en intervention d’urgence sur véhicules (IUV) (encore appelée sécurité tertiaire) de façon à rendre plus sûres et plus efficaces leurs interventions. En parallèle, dès 2012, la FNSPF et Renault décident de signer un partenariat, témoignant de leur engagement mutuel pour l’amélioration du secours routier. En 2018, ce partenariat sera reconduit pour la troisième fois, et se concrétise chaque année par des actions menées conjointement au niveau national mais aussi auprès d’instances internationales comme le CTIF, la WRO et l’EuroNcap.
Le fait d’avoir créé en 2016 au sein du Groupe Renault un domaine d’expertise en sécurité tertiaire est un gage de cette implication de la marque en matière d’IUV ; autant en amont auprès des ingénieurs qui conçoivent les voitures qu’en aval pour sensibiliser les services de secours aux bonnes pratiques. Une nouvelle étape est franchie en 2018 avec le renforcement du partenariat entre Renault et le Sdis 78 concrétisé par le détachement d’un officier supérieur à temps plein au Technocentre. Affecté à la Direction de la Responsabilité sociale pour une durée de 3 ans pour travailler en binôme avec l’Expert Sécurité tertiaire, son rôle est triple :
• Conseiller technique IUV auprès des métiers de l’ingénierie de Renault concernés, il participe à l’écriture des cahiers des charges et règles internes de conception. La prise en compte par Renault des interventions des sapeurs-pompiers est acquise et se traduit dorénavant par la rédaction de règles internes auxquelles les projets véhicules ne pourront déroger.
• Déploiement des connaissances acquises auprès du constructeur vers les Sdis, la FNSPF (notamment au sein du GT MSSR) et les sapeurs-pompiers étrangers (Italie, Slovénie pour ces derniers mois, Pays-Bas, Suisse, Royaume-Uni, Finlande en prévision).
• Valorisation des enseignements acquis au cours de ce partenariat pour positionner les sapeurs-pompiers de France comme force de proposition auprès des organisations nationales et internationales : DGSCGC, CNSR, CTIF, EuroNcap, CCFA, ACEA.
Des changements à venir
Malgré les travaux réguliers menés depuis 2010 entre Renault et certains sapeurs-pompiers français et internationaux motivés par les IUV, peu de Sdis ont pris la mesure des prochains changements qui vont impacter les IUV. En effet, les véhicules à énergie alternative – considérés jusqu’à présent par la plupart comme une niche – se multiplient sur les routes, et cette tendance va croître radicalement dès 2020. Pourquoi cet essor soudain ? Pour pouvoir répondre aux réglementations en matière d’émissions de gaz, et ne pas avoir à payer de pénalités très élevées, tous les constructeurs vont devoir proposer d’ici 2020 une gamme élargie de véhicules électriques et hybrides. Cette double réalité écologique et économique impliquera un changement important du parc roulant en très peu de temps, et en conséquence nécessitera de la part des sapeurs-pompiers de savoir comment intervenir sur les VEA. Pour que leurs personnels soient prêts et efficaces suffisamment tôt, les Sdis doivent mettre en place dès à présent une formation d’intervention aussi bien en cas d’accident que d’incendie sur ces véhicules. C’est également l’opportunité de plébisciter l’utilisation des FAD (Fiches d’aide à la décision) et ERG (« Emergency Response Guides ») venant de bénéficier d’une norme ISO, afin que les constructeurs proposent aux sapeurs-pompiers un format unique plus facilement compréhensible. C’est à ce prix que les efforts menés depuis quelques années par Renault et certains experts du SR et des IUV dans certains Sdis porteront leurs fruits. Une intervention sur un véhicule récent, VEA ou non, n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était il y a 20 ans : aussi bien en matière de réaction – entre autres de la structure du véhicule – que de l’évolution des blessures des victimes.
La prise en compte des risques éléctriques
Cette évolution du futur parc roulant nécessite aussi que les sapeurs-pompiers se positionnent officiellement sur leurs besoins pour garantir leur sécurité. Renault est à leur écoute sur ces sujets depuis plusieurs années et veille à en tenir compte dans l’architecture de ses véhicules. Il n’en est pas de même pour tous les constructeurs, et ces différences de positions pourront se matérialiser à l’avenir par des résultats issus du lobbying du plus puissant, qui ne sera pas forcément en faveur des sapeurs-pompiers. Pour cette raison, la FNSPF a demandé officiellement aux constructeurs français et au CTIF d’uniformiser la couleur des câbles 48 V en faisant apparaître clairement la couleur orange associée au risque électrique. Il en sera bientôt de même pour demander un accès facile au service plug et la nécessité de pouvoir éteindre un véhicule à énergie alternative de façon aussi rapide et sûre qu’un véhicule thermique. Cette position officielle de la FNSPF sera – espérons-le – un exemple pour que les autres fédérations et le CTIF se positionnent également, et le plus rapidement possible, afin que les projets actuels qui concernent les véhicules commercialisés dans un proche avenir puissent en bénéficier. C’est une étape à ne pas rater car dans le monde automobile, l’état de l’art peut suffire à faire office de normalisation.
Finissons par un dernier exemple du perpétuel changement du monde automobile. Grâce aux travaux menés dès 2011 avec le Sdis 78 et la BSPP sur l’extinction des batteries des véhicules électriques, Renault avait trouvé la solution technique du Fireman Access thermo fusible, permettant au sapeur-pompier de diriger le jet de la lance au coeur de la batterie Li-Ion pour la noyer et l’éteindre rapidement et définitivement. Une nouvelle réglementation internationale visant à combattre d’éventuelles défaillances internes de certaines batteries électriques nous oblige à revoir notre copie sur la définition technique même du Fireman Access, pour tout nouveau véhicule hybride ou électrique commercialisé dès 2020. De nouveaux travaux de recherche et développement à engager pour Renault, de nouvelles adaptations opérationnelles à développer par les sapeurs-pompiers.
Claire Petit Boulanger
Expert sécurité tertiaire, direction de la responsabilité sociale, Renault
Lieutenant-colonel Christophe Lenglos
Sdis 78, Conseiller technique IUV auprès de Renault
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