Comment former les citoyens à réagir face au feu?
[MAGAZINE] Dans le cadre des travaux de la commission «Prévention et éducation du citoyen face aux risques», la FNSPF a dévoilé ses préconisations lors du Congrès national en matière de conseils à donner à la population pour réagir face à l’incendie. Une doctrine nouvelle, essentiellement fondée sur la nécessité de ne pas conduire les victimes à s’exposer en luttant directement contre le feu.
Le commandant Serge Ballester, grâce à son expérience acquise dans le domaine de la recherche des causes et des circonstances d’incendie (RCCI) au Service départemental d’Incendie et de secours du Val-d’Oise, a créé le programme Prevince (Prévention des incendies domestiques): module de sensibilisation aux comportements adaptés face à un incendie domestique. «La règle d’or du secourisme, Protéger Alerter Secourir (PAS), est applicable à tous types de risques, y compris le risque d’incendie. Le concept de «secourir» peut être, dans ce cas, remplacé par celui d’«agir», soit le PAA» explique-t-il.
Mais protéger qui ?
D’abord soi-même («un bon sauveteur est un sauveteur vivant»), ensuite les témoins puis la ou les victimes. Cette démarche essentielle repose sur une évaluation immédiate de la situation, de façon à identifier rapidement la nécessité d’actions d’évacuation, voire de dégagement d’urgence, ou bien de mises en sécurité (confinements…).
Protéger de quoi ?
A ce stade, il est indispensable de réaliser une analyse des risques pour permettre d’estimer la menace et le niveau de dangerosité, afin de déterminer s’il est possible ou non de réaliser des gestes d’urgence, et si oui, lesquels. A défaut, il convient de limiter son action à la protection, l’alerte, puis l’accueil des secours. En cas d’exposition à un incendie, il convient donc d’appliquer cette démarche chronologique de PROTECTION et d’ALERTE avant d’envisager tout type d’ACTION, d’extinction d’un début de feu.
Toute activité de formation, adressée au grand public et destinée à l’apprentissage des comportements adaptés face à un incendie, doit donc respecter cette cohérence entre le principe fondamental du PAA : Protéger Alerter Agir et la priorité des missions des sapeurs-pompiers: la protection des personnes, puis des biens et enfin de l’environnement. Exposer la santé, voire la vie, d’une personne vulnérable pour tenter d’éteindre un début d’incendie (qui menace surtout les biens) n’est donc pas prioritaire sur l’apprentissage des comportements qui permettent de limiter la cause la plus mortelle de l’incendie pour les personnes: l’exposition aux fumées.
C’est cette logique pédagogique qui caractérise la doctrine incendie. Le programme Prevince répond aux questions suivantes par des modules. Il donne aux formateurs les clés et les outils pour les développer:
- Qu’est-ce que le risque d’incendie? Pourquoi suis-je concerné?
- A quels dangers suis-je exposé?
- Comment réagir?
- Comment faire si je dors?
- « AGIR » comment?
Une action potentielle de secours aux personnes ou d’extinction ne peut être envisagée qu’après une analyse précise de la situation, de son évolution immédiate et des dangers afférents.
Cette action devra être réalisée avec le maximum de sécurité selon ses propres capacités, ses connaissances et les moyens d’extinction disponibles. Il va de soi que le niveau acceptable de prise de risque pour tenter d’éteindre un feu est bien moindre que celui qui résulterait d’une action visant à secourir une victime potentielle d’un incendie.
Toute prise de risque inconsidérée pour tenter d’éteindre un feu n’est donc pas acceptable, qui plus est, lorsqu’elle concerne un enfant!
Jean-Louis Ponot
En résumé
Eviter absolument toute tentative d'extinction d'un début d’incendie si l’on n’est pas certain d’être capable de se maîtriser en situation de stress, de maîtriser les actions envisagées et surtout d’en connaitre les conséquences.